Est-ce que je peux t’embrasser ?(Le baiser… et le consentement)
Dernière mise à jour : 4 mai
Ces dernières années ont vu émerger dans les médias de nombreux scandales sur des abus, harcèlements, violences ou même agressions à caractère sexuel ou sexiste.
Ces actes condamnables ont ouvert à juste titre de grands débats, des séries de libérations de parole de femmes (notamment portés par les réseaux sociaux : les fameux #Metoo, #Balancetonporc, etc), et ont fait notablement évoluer des lois ou des jurisprudences en la matière permettant d’affiner la perception du consentement.
Et comme toute prise de conscience, elle s’accompagne d’une période de doute, d’ajustement, d’adaptation… Et disons-le, aujourd’hui certains hommes ne savent plus comment se positionner ou agir face à ces évolutions.
Et la question du consentement commence dès le baiser, c’est pour cela qui nous semblait important d’en parler. Pour éveiller, ou rassurer les consciences ! Selon les cas ;)
Car oui, un baiser volé peut être un délit … Mais rassurez-vous, on vous explique tout ! Car l’important est de comprendre.
Ce que nous dit la loi.
La loi nous dit qu’une agression sexuelle est constituée par une « atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise », et précise que celle-ci démarre même avec un baiser contre son gré, un pincement de fesses, ou une photo à caractère sexuel non sollicitée.
Alors, si tu es à un rendez-vous avec une femme et que tu te demandes si tu peux l’embrasser ou non, comment faire ?
Dois-tu poser explicitement la question, au risque de rompre la magie du moment ? Ecouter les signes, au risque de se tromper ?
Tout d’abord, voyons ce que dit la loi :
le non-consentement peut être exprimé par des paroles, des silences, des attitudes ou des écrits ;
Et à l’inverse, le consentement peut être formulé par des propos, des comportements OU les deux.
La réponse n’est donc pas si simple !
Un « OUI » à une question directe “Puis-je t’embrasser?” vaut-il toujours acceptation ?
Allez, je te spoile : la réponse est… NON !
Premièrement parce que les femmes n’osent tout simplement pas toujours dire « non », et deuxièmement, parce que cela peut dépendre d’autres facteurs.
Pour le comprendre, voici quelques cas pratiques.
Imaginons qu’un homme, à la fin d’un rendez-vous, demande à la femme s’il peut l’embrasser. Elle répond « oui ». Là, l’homme la plaque contre le mur, la coince avec son corps et ses mains et l’embrasse langoureusement et avidement pendant 5 minutes non-stop. Est-ce que cette attitude est OK ? Non, bien sûr ! Ceci peut tout à fait être perçu comme une agression, MÊME si la femme a dit « oui » au préalable. Pourquoi ? Parce qu’il a été fait l’usage de force et qu’elle ne pouvait pas imaginer que le baiser allait être accompagné de cette attitude. Cet exemple nous apprend que c’est d’abord la MANIÈRE d’agir qui prédomine sur le verbal.
Imaginons maintenant un autre rendez-vous entre un homme et une femme : cette dernière n’est pas intéressée et même, se sent mal à l’aise en sa compagnie. L’homme, lui, l’ignore et propose galamment de raccompagner la femme jusqu’au parking où elle est garée au motif que c’est pour sa sécurité… Sans se douter qu’elle n’en a AUCUNE ENVIE. Mais pour ne pas le vexer ou parce qu’elle n’ose pas, elle accepte. Et une fois à sa voiture, il lui pose cette fameuse question : « Puis-je t’embrasser ? ». Eh bien, à ce moment, il est tout à fait possible que la femme, par PEUR que le refus dans ce lieu isolé ne donne lieu à une réaction inappropriée de l’homme… accepte. Elle se dira peut-être qu’il vaut mieux subir un baiser puis partir, et lui faire savoir plus tard qu’elle ne veut plus le revoir, plutôt que de risquer de le braquer… Dans ce cas, le “oui” verbal NE VAUT PAS CONSENTEMENT ! Car même s’il ne l’a pas clairement et volontairement menacé ou forcé, et qu’elle a dit « oui », cette réponse n’a pas été induite dans un contexte de sécurité pour elle. Ainsi cet exemple nous apprend que c’est aussi le CONTEXTE qui peut prévaloir sur la réponse verbale.
La loi justement nous rappelle que si une personne se sent désirée, respectée et en sécurité, alors le contexte est bien un contexte de SÉDUCTION, dans lequel on trouve le respect, la réciprocité et l’égalité, et non un contexte d’AGRESSION, dans lequel l’un essaie d’imposer ses choix et ses désirs à l’autre.
Alors oui, il est infiniment plus EFFICACE et plus IMPORTANT que les hommes sachent comment agir et se comporter, comment mettre à l’aise la femme qui est en face d’eux, comment la faire se sentir en sécurité, et même comment lui montrer qu’elle a, à tout moment, le libre choix de réellement dire « non », plutôt que simplement poser une question sans tenir compte de l’interaction dans son intégralité.
Alors, comment AGIR ?
Simplement, en ne mettant JAMAIS la femme avec qui tu as rendez-vous (et qui ne te connait pas encore assez pour t’accorder sa confiance) dans une situation dans laquelle elle :
Ne se sentirait pas à l’aise de dire NON (on peut reprendre l’exemple du parking du paragraphe précédent dans lequel c’est à ce moment qu’il faut déjà s’assurer qu’elle souhaite bien être raccompagnée),
Serait prise par surprise.
Pourrait se sentir bloquée (dos au mur par exemple, ou serrée avec toi),
Ne pourrait pas se soustraire à toi (par exemple en la collant vers toi, ou en poussant la tête vers toi pour un baiser, ou en lui attrapant/bloquant les bras),
Il faut donc toujours lui laisser une marge de manœuvre suffisante.
La « question directe » vue précédemment est étant POSSIBLE, mais non suffisante, mon premier conseil est que tu dois au maximum SENTIR si votre feeling est bon, et ne pas « sauter dans le vide » sans aucun signe de sa part.
Voici un déroulé d’évènements possible, probant d’un point de vue du consentement, dans une dynamique de SÉDUCTION, sans poser de question directe.
Avancer de manière PROGRESSIVE dans le processus de rapprochement. Notamment, cela peut être en prenant sa main (sans pression pour qu’elle sente qu’elle peut s’y soustraire facilement). Si elle la retire, tu as un indice fort qu’elle ne souhaite pas plus. Si elle la laisse, ou mieux, la serre en retour, alors elle t’envoie un indice fort qu’elle se sent à l’aise avec toi.
Si, pendant un regard échangé, tu approches ton visage du sien LENTEMENT (évitant ainsi l’effet de surprise) pour lui signifier que tu veux l’embrasser, arrête-toi à mi-chemin. Ainsi, ce sera à elle, si elle le souhaite, de se rapprocher et parcourir la distance qui sépare vos lèvres. Si elle le fait, son comportement vaudra bien un consentement.
Lors du premier baiser, pense également à ne pas l’entraver, encore une fois pour qu’elle ne se sente pas bloquée.
Pour finir, dose le baiser, afin que celui-ci corresponde à ses attentes du moment. Pour ma part par exemple, je privilégie toujours les lèvres seules dans un premier temps, et je laisse toujours à la femme la primeur d’augmenter le niveau du baiser (plus passionné, plus langoureux, plus d’étreinte, etc).
Il y a bien sûr d’autres méthodes d’approches, d’autres manières de faire, mais tant que tu crées, en amont et durant tout le rendez-vous, un environnement propice à ce qu’elle puisse se sentir en sécurité et de se sentir libre d’exprimer RÉELLEMENT son non-consentement éventuel sans crainte, alors ce que tu feras sera toujours bien accueilli.
Un petit conseil, si finalement elle refuse mon baiser ?
Eh bien, rappelle-toi que le baiser, c’est comme les antibiotiques, « c’est pas automatique !»
Et ainsi, si elle refuse, je te conseille d’en assumer les conséquences comme un homme, à savoir :
1- être en mesure de ne pas mal le prendre et conserver une attitude digne,
2- te rappeler qu’elle peut avoir refusé le baiser cette fois et le vouloir la fois suivante (non, un refus ne signifie pas que c’est fichu pour toujours),
3- et ne pas COMMENTER la gêne du moment qui ne fera que l’exacerber.
Si tu n’es pas à l’aise avec le refus et la gène occasionné, tu peux garder l’approche du baiser pour le moment de la séparation (fin du rendez-vous), comme cela, si elle ne souhaite pas t’embrasser, vous pourrez rapidement vous éloigner sans trop de gêne et en rester là.
Si tu souhaites en savoir plus sur tout ce qui a trait au consentement et à l’agression (ou pour un signalement, un besoin de parler, ou une association), tu peux aussi te rendre sur le site :
https://arretonslesviolences.gouv.fr/besoin-d-aide/violences-sexuelles